Laudition de Juncker na été quune parodie
Le passage du président de la Commission européenne devant la commission «taxe» a fait couler beaucoup dencre. Mais pour leurodéputé allemand Fabio De Masi, lexercice na apporté aucune réponse concrète sur laffaire «LuxLeaks».
Jeudi dernier, et pour la première fois dans lhistoire des institutions européennes, le président en exercice de la Commission a été auditionné publiquement par une commission du Parlement. Son objet: tenter de lever le voile sur les pratiques des États européens autour des rescrits fiscaux, ces fameux rulings. Mais après un peu plus dune heure, les réponses apportées par lancien Premier ministre luxembourgeois nont pas plu à tous les députés présents, dont Fabio De Masi, élu allemand (DIE LINKE.) et lun des principaux opposants à Jean-Claude Juncker.
«Laudition de Jean-Claude Juncker na été quune parodie. Rien de plus, rien de moins», clame-t-il dans les colonnes du Quotidien. Selon leurodéputé, la ligne de défense du président de la Commission, soupçonné davoir été larchitecte du système luxembourgeois des rulings, a été soutenue par lorganisation même de son audition. «Le programme était organisé de telle façon que Jean-Claude Juncker pouvait se comporter comme Louis XIV», assure-t-il.
Pourtant, Fabio De Masi indique détenir des informations qui montrent que «le Luxembourg avait négocié directement avec des multinationales» dans le cadre des rulings. Des données en contradiction avec la position de lancien Premier ministre qui a rejeté en bloc toute faute éventuelle dans sa conduite de la politique fiscale luxembourgeoise. Se défendant de toute croisade «contre le Luxembourg» ou den faire «une affaire personnelle» contre le président de la Commission, le combat de Fabio De Masi sétend aux pratiques appliquées en Europe.
«Je sais avec certitude que la France et lAllemagne ont aussi profité» du système «mis en place par Jean-Claude Juncker et dont il était larchitecte». Pour leurodéputé allemand, Paris et Berlin «étaient au courant et nont rien fait». Le problème, selon lui, tiendrait dans labsence de volonté politique afin de changer la donne. «Tout ce que fait la Commission pour linstant, cest gagner du temps. Ils veulent un échange automatique des accords fiscaux sans les rendre publics. ( ) La pression publique a peu à peu diminué et cétait exactement lobjectif de Messieurs Schulz (président du Parlement européen, ndlr) et Juncker.»
Jugeant que le travail de la commission taxe ne peut aboutir, «faute davoir eules documents demandés», Fabio De Masi plaide pour la mise en place dune commission denquête. Mais faute dappui suffisant à Strasbourg, cette possibilité semble peu probable. Faisant état dune «coalition conservatrice» au sein des institutions européenne, leurodéputé plaide pour «un groupe politique de gauche au Parlement» qui «réclame plus». «Si les gens veulent que les multinationales paient leurs taxes, cela aiderait que les partis de gauche soient mieux représentés», assure-t-il, même sil reconnaît que «les électeurs sont tellement las quils ne votent plus».
Et cela rend non seulement «les choses plus faciles pour Messieurs Schulz et Juncker» mais conforte la position des eurosceptiques quant au fait que «lEurope ne fonctionne pas». Selon Fabio de Masi, «ceux qui détruisent lEurope aujourdhui ne sont pas les eurosceptiques mais les gens comme Jean-Claude Juncker qui ne prennent pas en considération le citoyen moyen.»